Yacoubi l’alchimiste

Abdellah Yacoubi expose à la galerie Le Chevalet du 25 avril au 10 mai 2013, un ensemble de toiles

 qui s'inscrivent dans une quête spirituelle qui est perpétuelle transcendance de l'être, et dont la qualité et les visées plastiques invitent, instamment, à la réflexion.
« L'artiste sensible peint et l'homme sensible le comprend et le reconnaît », disait Baudelaire qui inventa l'art moderne. Une citation qui, par-delà le temps, continue de faire fortune.


C'est le cas d'Abdellah Yacoubi qui, en l'espace de quelques expositions, a su révéler au grand public les fastes et la singularité d'une sensibilité qui le fait accéder, incontestablement, au statut d'artiste. Qu'est-ce à dire ?
Grand militant social et politique, fin lettré et poète arabe au lyrisme fraternel, Yacoubi a toujours cultivé le sens de la nuance comme forme de spiritualité et genre discursif imagé, d'une haute portée symbolique. Une nuance qui n'a rien de rhétorique puisqu'elle puise sa propre logique dans la matière même d'un tempérament tout ce qu'il y a d'inné.
Le naturel chez Yacoubi ne sera donc jamais une seconde nature. La picturalité de l'artiste et toute la science qui en découle lui vont comme un gant. On y retrouve, exprimée par inhérence sur le mode semi-figuratif, cette nuance justement, multipliée en une foultitude de touches et de tons à la rythmique mystérieuse, et qui n'en finit pas de suggérer des personnages, des motifs, des lieux et des milieux rêvés. C'est une incommensurable fiction trans-chromatique, où le bleu comme principe du Beau et figure de style (récurrente) donne lieu à toutes les métamorphoses de l'être et du temps.
Vues sous le prisme d'une méditation quasi zen, les œuvres de Yacoubi apparaissent comme des chants incantatoires, dédiés à quelque divinité antique, dont la splendeur diffuse nous rappelle encore l'existence et la force oraculaire.
Voilà un artiste rare, si authentique et si égal à lui-même, qui manipule la couleur comme le ferait un alchimiste gagné à la pensée mystique, dont l'esprit des formes, farci d'un humanisme hérité et quasi christique, nous interpelle en douceur afin de nous élever au-dessus de notre vulnérable et humble condition.


Abderrahman Benhamza